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SCÈNE III.

mari. — Songez qu’il a eu une existence aussi aisée que les plus riches — jusqu’au jour où la destinée envieuse et la mer dévorante — nous ont volés, détroussés, dépouillés de tout notre avoir.

friskibal.

— Je n’en veux pas à votre mari, madame ; — et jamais je ne l’aurais traité ainsi de mon plein gré, — si l’on ne m’avait dit que c’est un débauché — adonné à la mauvaise compagnie, qui a de quoi — payer ses dettes, mais qui ne veut pas qu’on le sache.

banister.

— C’est ce courtier damné, ce Bagot, — que j’ai si souvent nourri de ma table ! — Misérable ingrat qui me traite de cette façon !

bagot.

— Ce que j’ai dit n’est que la vérité.

mtstress banister.

— Ce que tu as dit émanait d’un cœur envieux. — C’est un cannibale, celui qui mange les hommes vivants ! — Mais, monsieur, vous voyez, je suis à vos genoux. Croyez-moi, — ce que je vous dis là, que Dieu m’assiste ! est vrai. — Nous avons à peine de quoi nourrir nos petits enfants. — La plus grande partie de notre vaisselle est entre les mains de cet usurier. — Oh ! si nous avions de l’argent pour payer nos dettes, — réfléchissez-y, nous n’endurerions pas une telle détresse. — Ayez pitié, mon bon monsieur Friskibal. — Mon mari, mes enfants et moi, nous ne mangerons — qu’un repas par jour ; l’autre, nous l’économiserons pour payer nos dettes.

FRISKIBAL, à Bagot.

— Allons, je vois que tu es un méchant. — Bonne mistress Banister, ne vous agenouillez pas devant moi. — De grâce, relevez-vous. Votre demande sera exaucée.