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SCÈNE XXIII.

Locrine ; — le feu darde des jets de flammes aigus ; — les vastes fondements du triple monde — tremblent et s’agitent avec un énorme fracas, — présageant des massacres imminents. — Les oiseaux errants qui ont coutume de voltiger dans les ténèbres, — alors que la nuit infernale, assise dans son char nébuleux, — répand ses brumes sur la face assombrie de Tellus, — et couvre toute la terre d’un manteau de deuil, — prennent maintenant leur volée au milieu du jour éclatant, — prédisent quelque catastrophe inouïe. — Les molosses hargneux du ténébreux Tartare, — envoyés des marais de l’Averne par Rhadamanthe, — infestent toutes les forêts de leurs hurlements ; — les déesses des eaux, les faunes au pied léger, — et toute la bande des nymphes des bois — se cachent en tremblant dans des halliers ombreux — et se blottissent dans d’affreuses cavernes. — L’orageux Borée fulmine la vengeance ; — les rocs de pierre crient vengeance ; — les buissons épineux réclament une terrible vengeance.

Fanfare d’alarme.

— Maintenant, Corinéius, arrête, et regarde la vengeance, — et rassasie ton âme de la chute de Locrine… — Les voici qui arrivent, les trompettes les appellent ; — les tambours rugissants convoquent les soldats. — Partout où leur armée brille dans la plaine, — darde ta foudre, puissant Jupiter, — et déverse tes fléaux sur la tête maudite de Locrine.

Entrent d’un côté Locrine, Estrilde, Assarachus, Sabren et leurs soldats ; de l’autre Thrasimachus, Guendeline, Madan et leurs partisans.
locrine.

— Eh quoi ! la tigresse est-elle sortie de sa caverne ? — Guendeline est-elle venue de Cornubia, — pour jeter ainsi un défi à la gorge de Locrine ? — As-tu donc trouvé une armure à ta taille, enfant mignon, — qu’escortent digne-