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LA TRAGÉDIE DE LOCRINE.

SCÈNE XX.
[Un palais.]
Entrent Locrine, Camber, Assarachus, Thrasimachus, et un page.
assarachus.

— Mais dites-moi, neveu, mon frère est-il mort ainsi ? — Qui reste désormais à la malheureuse Albion, — pour soutenir, comme un pilier, notre société — et pour frapper de terreur nos audacieux ennemis ? — Qui reste désormais à la malheureuse Bretagne, — pour la défendre contre les attentats barbares — de ceux qui désirent sa chute irréparable, — et tâchent de provoquer sa ruine ?

camber.

— Oui, mon oncle, la mort est notre ennemi commun. — La mort seule peut rivaliser avec notre puissance sans rivale : — témoin la chute de la race d’Albionéus, — témoin la chute d’Humber et de ses Huns ! — Cette affreuse mort a consommé notre infortune en enlevant Corinéius de cette terre — et en laissant à sa place un monde de soucis.

thrasimachus.

— Personne ne peut mieux déplorer son lamentable trépas — que moi qui suis né de ses flancs ! — Que le malheur saisisse à la gorge ce maudit Humber — qui lui a fait cette blessure délétère !

locrine.

— Les larmes ne sauraient le ressusciter d’entre les morts. — Mais où est mon épouse Guendeline ?

thrasimachus.

— C’est dans le Cornouailles, Locrine, qu’est ma sœur ; — elle y fait à mon père de pieuses funérailles.