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SCÈNE XVI.

vaillants capitaines et tes nobles pairs ? — De même que les paysans avec leurs faux tranchantes — moissonnent le foin jauni, — de même que le laboureur avec le soc affilé — déchire les entrailles des champs fertiles, — et extirpe les racines avec des lames aiguës, — de même Locrine, avec sa puissante hachette, — a fait sauter les têtes de tous tes Huns ; — de même les pairs de Locrine, épouvantant tous tes pairs, — ont causé la ruine de ton armée, — afin que tu fusses puni de ta faute — et que tu périsses pour avoir égorgé le vaillant Albanact.

corinéius.

— Et c’est ainsi, oui, c’est ainsi que seront traités tous ceux — qui chercheront à envahir Albion malgré notre volonté. — Si la brave nation des Troglodytes, — si les Éthiopiens noirs comme le charbon, — si toutes les forces des Amazones, — si toutes les armées des pays barbares — osaient pénétrer dans notre petit univers, — nous les ferions vite repentir de leur téméraire entreprise, — de telle sorte que nos enfants pourraient dire après nous : — Ci-gît le monstre qui a tenté d’envahir notre pays.

locrine.

— Oui, ce sont des monstres, ceux qui veulent envahir notre pays, — et ils doivent être traités comme des monstres, — car le puissant Jupiter, le roi souverain des cieux, — qui guide le concours des météores — et gouverne les mouvements du firmament azuré, — ne cessera pas de combattre pour le salut des Bretons… — Mais, arrêtez ! je crois entendre une rumeur tumultueuse — aux abords de notre tente.

Entrent des soldats amenant Estrilde.
estrilde.

— Que le prince, ceint de la couronne d’or, — qui tient dans sa main le sceptre royal, — et qui s’imagine qu’aucun