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PÉRICLÈS.

périclès.

Je n’ai jamais essayé.

deuxième pêcheur.

Eh bien, tu es sûr de mourir de faim ; car tu ne peux gagner quoi que ce soit de nos jours, que tu n’aies su le pêcher.

périclès.

— Ce que j’étais, je l’ai oublié ; — mais ce que je suis, le besoin me l’enseigne : — un homme racorni par le froid : mes veines sont glacées, — et il ne me reste de chaleur vitale — que ce qu’il faut pour que ma langue implore votre secours ; — si vous me le refusez, quand je serai mort, — veuillez, comme je suis un homme, me faire ensevelir. —

premier pêcheur.

Tu parles de mourir ! Les dieux nous en préservent ! J’ai là un manteau ; allons, mets-le ; ça te tiendra chaud… Voilà, sur ma parole, un beau garçon !… Allons, tu viendras chez nous, et nous aurons de la viande les jours de fête, du poisson les jours de jeûne, et en outre des poudings et des crêpes ; et tu seras le bienvenu.

périclès.

Je vous remercie, monsieur.

deuxième pêcheur.

Dites donc, l’ami, vous disiez que vous ne saviez pas mendier !

périclès.

Je n’ai fait que supplier.

deuxième pêcheur.

Que supplier ! Alors, je vais me faire suppliant, comme vous, et de cette façon, j’échapperai au fouet.

périclès.

Ça, tous les mendiants sont donc fouettés chez vous ?

deuxième pêcheur.

Oh ! pas tous, mon ami, pas tous ; car, si tous les men-