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SCÈNE I.

tation fût fausse, — alors, il serait certain que tu n’as pas été assez criminel — pour déshonorer ton âme par un odieux inceste. — Mais j’ai trop bien deviné : tu es à la fois père et fils, — par ton union contre nature avec ton enfant, — union dont les jouissances conviennent à un mari, non à un père ; — et elle, elle se repaît de la chair de sa mère, — en souillant le lit maternel ; — et tous deux, vous êtes des serpents qui, tout en se nourrissant — des plus douces fleurs, ne produisent que du poison. — Antioche, adieu ! Car, la prudence me le dit, les gens — qui ne rougissent pas d’actions plus noires que la nuit — ne reculeront devant rien pour les dérober à la lumière. — Un crime, je le sais, en provoque un autre ; — le meurtre confine à la luxure, comme la fumée à la flamme. — Le poison et le guet-apens sont les deux bras du crime, — oui, et ses boucliers pour repousser le scandale. — Aussi, de peur que vous ne tranchiez mes jours pour vous sauvegarder, — j’échapperai par la fuite au danger que je redoute.

Il sort.
Rentre Antiochus.
antiochus.

— Il a trouvé la solution ; aussi sommes-nous résolus — à avoir sa tête. — Il ne faut pas qu’il vive pour proclamer mon infamie, — et pour annoncer au monde qu’Antiochus pèche — d’une aussi abominable manière. — Donc ce prince doit mourir sur-le-champ ; — car mon honneur ne peut être maintenu que par sa chute. — Holà, quelqu’un !

Entre Thaliard.
thaliard.

Votre altesse appelle ?

antiochus.

— Thaliard, vous êtes de notre chambre. Notre con-