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PÉRICLÈS.

attirés par la renommée, enhardis par le désir, — t’avertissent avec leur langue muette et leur mine sinistre ; — sans autre abri que ce champ d’étoiles, — ils restent là comme les martyrs, égorgés dans cette guerre d’amour ; — et avec leur funèbre visage ils te conseillent de te désister — et de ne pas te jeter dans la nasse irrésistible de la mort.

périclès.

— Antiochus, je te remercie : tu as appris — à ma frêle mortalité à se reconnaître, — en préparant ma personne, par la vue de ces objets terribles, — a une destinée semblable à la leur. — L’image de la mort est comme un miroir — qui nous dit que la vie n’est qu’un souffle, et que s’y fier est une erreur. — Je vais donc faire mon testament, semblable à un malade — qui, ayant connu le monde, aperçoit le ciel, et, sentant l’agonie, — cesse de se cramponner, comme auparavant, aux joies terrestres. — Ainsi je vous lègue une heureuse paix à vous, — et à tous les gens de bien, comme doit le faire un vrai prince ; — je lègue mes richesses à la terre d’où elles sont venues, — mais, à vous,

S’adressant à la fille d’Antiochus.


la flamme immaculée de mon amour. — Ainsi, préparé pour la vie comme pour la mort, — je suis prêt à recevoir le coup le plus rude, Antiochus, — en dépit des avertissements.

antiochus.

Lis donc l’énigme ; — si, l’ayant lue, tu ne peux l’expliquer, il est décrété — que tu périras comme tous ceux que tu vois là.

la fille d’antiochus.

— En tout, sauf en cela, puisses-tu réussir ! — En tout, sauf en cela, je te souhaite le succès.

périclès.

— Comme un hardi champion, j’entre dans la lice, — et je ne prends plus conseil — que de ma loyauté et de mon courage.