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APPENDICE.

gens pour prendre des informations en divers endroits, notamment chez les principaux habitants de la ville que maître Arden avait coutume de visiter. Tous répondirent qu’ils ne pouvaient donner de lui aucune nouvelle. Alors mistress Arden commença à jeter les hauts cris, disant que jamais femme n’avait eu de pareils voisins, et se mit à pleurer. Bientôt les voisins arrivèrent et la trouvèrent proférant de grandes lamentations et affectant la plus grande inquiétude sur le sort de son mari. Sur quoi, le maire et ses adjoints commencèrent les perquisitions. La foire de Saint-Valentin se tenait d’habitude, en partie dans l’abbaye, en partie dans la ville. Mais Arden, alléché par l’appât d’un bénéfice lucratif, avait fait décider que cette année-là la foire serait tenue exclusivement sur les terrains de l’abbaye qu’il avait acquis ; et par ce moyen, ayant accaparé pour lui seul tous les profits, et privé la ville d’un gain que se partageaient d’habitude les habitants, il avait provoqué partout d’amères récriminations. Le maire, traversant la foire pour chercher maître Arden, arriva enfin au terrain où était étendu le cadavre. Ce fut là que l’épicier Prune l’aperçut :

— Arrêtez, s’écria-t-il, il me semble que je vois quelqu’un là, à terre.

Sur ce, ils regardèrent, et, considérant le cadavre, reconnurent maître Arden gisant là tout à fait mort ; puis, examinant avec soin l’état et les blessures du corps, ils trouvèrent les brins de jonc adhérant aux pantoufles ; poursuivant leur enquête, ils découvrirent la trace des pas marqués dans la neige entre l’endroit où était le cadavre et la porte du jardin.

Alors le maire commande à tous les assistants de rester en place et enjoignit à quelques-uns d’entre eux de faire le tour et de revenir, en traversant la maison de maître Arden et le jardin, à l’endroit où était la cadavre ; ceux-ci, en