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APPENDICE.

dit auprès de Greene, jurant et pestant dans sa fureur d’avoir été ainsi trompé, et, avec maintes terribles imprécations, menaça de tuer le valet de maître Arden, partout où il le rencontrerait.

— Non, dit Greene, n’en faites rien, je veux d’abord savoir pourquoi il a fermé les portes.

Alors Greene alla trouver le valet d’Arden, et lui demanda pourquoi il n’avait point laissé les portes ouvertes, suivant sa promesse.

— Morbleu, répondit-il, je vais vous le dire. Hier soir mon maître a fait une chose qu’il n’avait jamais faite auparavant. Car, quand j’étais couché, il s’est relevé et a fermé les portes, et ce matin il m’a fort grondé de les avoir laissées ouvertes.

Et cette explication pacifia Greene et Blackwill. Arden s’étant décidé à revenir à Feversham, le valet vint dire à Greene : « C’est ce soir que mon maître partira. » Sur quoi il fut décidé que Blackwill ferait le coup sur les dunes de Raynham. Quand maître Arden fut arrivé à Rochester, le valet, craignant d’être tué avec son maître, blessa son cheval tout exprès et le fit boiter afin de pouvoir gagner du temps et rester en arrière. Son maître lui ayant demandé pourquoi le cheval boitait, il répondit qu’il n’en savait rien.

— Eh bien, dit maître Arden, quand tu arriveras devant le premier forgeron, entre Rochester et la colline qui domine Chatham, fais ôter le fer de ton cheval, visite-le, et viens ensuite me rejoindre.

Sur ce, maître Arden lança son cheval en avant ; et, quand il arriva à l’endroit ou l’attendait Blackwill, il fut rejoint par plusieurs gentlemen de sa connaissance qui lui tinrent compagnie ; si bien que Blackwill fut encore une fois déconcerté.

Dès que maître Arden fut revenu chez lui, il envoya son valet à Sheppy, chez sir Thomas Cheiny, lord gardien des