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APPENDICE.

belle, eut désir de la contempler, et se réjouir avec ceux qui étaient dedans, et savoir qui était le maître de celle-là. Ainsi entrant comme on le voit vêtu pompeusement, et suivi de grand nombre de noblesse, on lui fait honneur, et il les salue courtoisement, s’enquiert d’où ils sont, qui est leur seigneur, et où s’adressait leur voyage. Ils lui racontent qu’ils ont seigneur riche et puissant, mais si triste pour la perte qu’il a faite de sa femme et de sa fille, les deux plus accomplies et parfaites créatures de l’Asie, qu’il ne veut sortir de l’obscurité, ni se consoler en sorte quelconque. Ce prince demande de quel âge était la fille : ils lui répondent d’environ quinze ans : ce qui lui fit soupçonner que Tharsie (peut-être) serait fille de ce seigneur : pour ce s’enquit-il de son nom, et voyant qu’il s’appelait Apollonie, il se souvint que Tharsie disait que tel était le nom de son père. À cette cause il descendit en bas, salua Apollonie qui lui rendit son salut assez envy, le pria de venir passer son temps en la cité, et prendre son palais pour logis, mais il n’y voulut entendre, ains le pria qu’il le laissât en paix et allât se réjouir avec ceux qui avaient le cœur en liesse. Athenagore voyant l’amertume du cœur de ce prince, et l’affliction qu’il se donnait, en ayant compassion, envoya quérir Tharsie ; laquelle étant venue, la pria d’aller vers ce seigneur affligé, et tâcher de le consoler et lui faire quitter cette façon de faire. La jeune princesse sentant ne sais quelle émotion en son cœur non accoutumé, lorsque le prince lesbien lui fit cette prière, descend vers son père, qu’elle ne connaissait, et lequel ne l’eût jamais ravisée, sans les discours qui se passèrent entre eux, lorsqu’elle fit tout devoir de lui ôter cette fâcherie de son esprit, et lui donner quelque contentement. D’autant que d’abordée elle, le saluant, lui dit :

— Ne pensez pas, seigneur, que celle qui vous fait la révérence, soit quelque femme pollue et impudique, ains une