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ARDEN DE FEVERSHAM.

ALICE, à Mosby.

— Les portes sont ouvertes, monsieur, vous pouvez partir.

MICHEL, à part.

— Non, ça, c’est un mensonge. Car j’ai fermé les portes.

ARDEN, à Michel.

— Maraud, apporte-moi une coupe de vin. Je vais les réconcilier. — Et vous, gentille mistress Alice, puisque vous êtes si revêche, — vous commencerez… Ne froncez pas le sourcil, je l’exige.

Michel apporte du vin.
alice.

— Je vous prie de vous mêler de vos affaires.

arden.

— Eh quoi ! Alice, puis-je faire trop pour un homme — dont j’ai, sans cause, mis en danger la vie ?

alice.

— C’est juste ; et, considérant que ç’a été en partie à cause de moi, — je consens à boire à sa santé pour cette fois seulement… — À vous, maître Mosby ! Mais, dorénavant, je vous prie, — soyez-moi aussi étranger que je vous suis étrangère. — Votre compagnie m’a valu de fâcheuses accointances, — et à cause de vous, Dieu le sait, j’ai mérité — qu’en tout lieu on parlât mal de moi. — Cessez donc désormais de fréquenter ma maison.

mosby.

— Je verrai votre mari en dépit de vous… — Pourtant non ! Arden, j’en atteste le ciel, — tu ne me verras plus, après cette nuit-ci. — J’irais à Rome plutôt que de me parjurer.

arden.

— Bah ! je ne veux pas qu’on fasse de ces vœux-là chez moi.

alice.

— Si ! je vous en prie, mon mari, laissez-le faire ce