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ARDEN DE FEVERSHAM.

— Car les malédictions sont comme les flèches lancées droites en l’air — qui retombent sur la tête de celui qui les a décochées.

reed.

— Qu’elles tombent où elles voudront ! Quand je serais sur mer, — comme souvent je m’y suis trouvé, au milieu d’une rude tempête, — voyant approcher l’affreuse bourrasque du sud, — et le pilote trembler à la menace de l’ouragan, — et tous les matelots prier à deux genoux, — même à ce moment terrible, je me prosternerais — pour implorer de Dieu, quoi qu’il pût m’advenir, — quelque catastrophe vengeresse qui, en frappant Arden, — attestât au monde tout le mal qu’a fait ce misérable. — Je chargerai de ce soin ma malheureuse femme : — mes enfants apprendront à prier Dieu pour cela, — et moi, je pars en te laissant ma malédiction.

Sortent Reed et le matelot.
arden.

— C’est le coquin le plus mal embouché de la chrétienté. — Souvent le drôle devient fou furieux. — Ce qu’il dit n’importe guère, — mais je vous assure que je ne lui ai jamais fait tort.

francklin.

Je le crois, maître Arden.

arden.

— Maintenant que nos chevaux sont allés en avant à la maison, — ma femme viendra peut-être à ma rencontre. — Car Dieu sait que depuis peu elle est devenue passablement aimable, — et que sa mauvaise humeur habituelle — s’est grandement modifiée. — Elle cherche par de bons procédés à racheter ses anciennes fautes.

francklin.

— Heureux le changement qui améliore ! — Mais, en tous cas, gardez-vous bien de parler — de la chère exquise