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SCÈNE IX.

que je puis à peine articuler un mot. — Jamais je n’ai été saisi d’une si terrible défaillance.

arden.

— Eh bien, maître Francklin, allons doucement. — L’excès de poussière, ou peut-être un plat — dont vous aurez mangé à dîner, vous aura sans doute incommodé. — J’ai été souvent indisposé ainsi, et vite remis.

francklin.

— Vous rappelez-vous où s’arrêtait mon récit ?

arden.

— Oui, au moment où le gentleman réprimandait sa femme.

francklin.

— L’acte dont la femme était accusée — étant attesté par un témoin qui l’avait prise sur le fait, — par la production d’un gant qu’elle avait oublié, — et par maintes autres preuves évidentes, — le mari lui demanda si elle convenait de la chose…

arden.

— Voyons sa réponse. Je me demande quelle contenance elle pouvait faire, — après avoir nié avec de si véhémentes protestations — la faute qui venait d’être prouvée à l’instant même.

francklin.

— D’abord, elle baissa les yeux à terre, — considérant les larmes qui s’en échappaient a flots ; — puis elle tira doucement son mouchoir, — et essuya timidement sa figure mouillée de pleurs ; — puis elle toussa pour s’éclaircir la voix sans doute, — et s’apprêta avec majesté — à réfuter toutes leurs accusations… — Pardon, maître Arden, je n’en puis plus ; — ces battements de cœur me coupent la respiration.

arden.

— Allons, nous voici presque à la dune de Raynham :