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ARDEN DE FEVERSHAM.

canon. — déchargé contre une muraille en ruine, — brisent en mille pièces mon cœur défaillant. — Cruelle Alice, ta souffrance est ma plaie, — tu le sais bien, et tu t’ingénies — à simuler des airs de désespoir pour blesser une poitrine — où bat un cœur qui se meurt quand tu es triste. — Ce n’est pas l’amour qui aime à torturer l’amour.

alice.

— Ce n’est pas l’amour qui aime à assassiner l’amour.

mosby.

Que voulez-vous dire ?

alice.

— Tu sais avec quelle tendresse m’aimait Arden.

mosby.

Eh bien ?

alice.

— Eh bien… Cachons la suite, car elle est trop coupable, — et je craindrais que le vent n’emportât mes paroles — et ne les répandît dans le monde pour notre honte à tous deux. — Je t’en prie, Mosby, flétrissons notre amour à son printemps, — nous n’en recueillerions, pour toute moisson, qu’une répulsive zizanie. — Oublie, je te prie, ce qui s’est passé entre nous ; — car maintenant je rougis et je tremble d’y penser.

mosby.

— Quoi ! allez-vous donc changer ?

alice.

— Oui ! mon existence actuelle pour ma vie d’autrefois ! — Arrière le nom odieux de prostituée ! — La femme de l’honnête Arden veut redevenir l’honnête femme d’Arden — Ah ! Mosby ! c’est toi qui m’as dépouillée ce titre, — et qui as fait de moi l’opprobre de toute ma famille ! — Ton nom est gravé sur mon front, — le nom d’un méchant artisan, d’un homme de basse naissance. — J’ai été ensor-