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SCÈNE VIII.

j’avance jusqu’au seuil même du péril (12). — Ainsi, Arden, ta mort est décidée ; car Greene, chargé de labourer le sol, doit t’en extirper — pour que ma récolte soit toute de pur froment. — Pour sa peine, je le soutiendrai — lui-même quelque temps, — et puis je l’étoufferai afin d’avoir sa cire. — Il ne faut pas que des abeilles comme Greene vivent assez pour piquer. — Ensuite, il y a Michel, et puis le peintre, — principaux acteurs de la perte d’Arden : — quand ceux-là me verront ainsi installé dans le siége d’Arden, — ils récrimineront contre mon succès, — et me menaceront de révéler sa fin. — Je ne veux pas de cela ; je saurai jeter un os — entre ces deux chiens, pour qu’il se sautent à la gorge, — et alors je serai le seul maître de ma fortune… — Pourtant mistress Arden vit encore !… Mais elle, c’est moi-même, — et les saintes cérémonies de l’Église auront fait un seul être de nous deux… — Mais qu’importe !… Non, Alice, je ne puis plus me fier à vous ; — vous avez exterminé Arden pour l’amour de moi, — et vous m’extermineriez pour en implanter un autre. — Il est dangereux de dormir dans le lit d’un serpent, — et je veux absolument me débarrasser d’elle. — Mais la voici, et il faut que je la flatte.

Entre Alice.

— Comment va, Alice ? Quoi ! morose et agitée ! — Fais-moi part de ta préoccupation. — Feu divisé brûle moins violemment.

alice.

— Mais, moi, j’emprisonnerai ce feu dans mon sein, — jusqu’à ce que sa violence me consume tout entière. Ah ! Mosby !

Elle pleure.
mosby.

— Ces profonds sanglots, pareils à l’explosion d’un