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SCÈNE VI.

SCÈNE VI.
[Londres. La maison d’Aldersgate-Street].]
Entrent Arden, Francklin et Michel.
ARDEN, à Michel.

— Maraud, retournez à Billingsgate — et sachez à quelle heure la marée sera pour nous, — puis venez nous rejoindre à Saint-Paul. Faites le lit d’abord ; — ensuite vous vous informerez de l’heure du flot.

Sort Michel.

— Allons, maître Francklin, vous partirez avec moi. — Cette nuit j’ai rêvé que dans un parc — un filet était tendu pour surprendre le daim, — et que moi, placé sur une petite colline, — j’épiais silencieusement l’arrivée de la bête. — À ce moment même, il m’a semblé qu’un doux sommeil me gagnait, — et conviait tous mes sens à un délicieux repos. — Mais, pendant que je jouissais de cette sieste dorée, — un chasseur malappris déplaça le filet — et me recouvrit de cette enveloppe perfide — qui venait d’être tendue, me semblait-il, pour attraper le daim. — Cela fait, il souffla dans son cor une sinistre fanfare ; — et, à ce bruit, un autre chasseur survint — avec un coutelas nu qu’il dirigea sur ma poitrine, — en s’écriant : Tu es le gibier que nous cherchons ! — Sur ce, je me suis éveillé, tremblant de tous mes membres, — comme un homme qui, caché par un mince buisson, — voit un lion fourrager en tous sens : — même, quand le formidable roi des forêts a disparu, — il regarde avec inquiétude — par les croisées épineuses de la broussaille, — et ne se croit pas hors de danger, — mais tremble et frissonne, bien que le péril ait disparu. — Ainsi, ma foi, Francklin, en m’éveil-