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ARDEN DE FEVERSHAM.

SCÈNE IV.
[Londres. Une maison dans Aldersgate Street.]
Entrent Arden et Francklin.
arden.

— Non, Francklin, non ! Si la frayeur, si la violence des menaces, — si son affection pour moi, si le respect de son sexe, — si la crainte de Dieu ou de l’opinion publique — qui déchire une réputation avec des paroles blessantes — en flétrissant le déshonneur dans son germe, — pouvaient faire naître un remords dans sa pensée impure, — il est certain qu’elle tournerait la page — et pleurerait sur sa corruption. — Mais elle est tellement enracinée dans sa vilenie, — elle est si perverse et si endurcie qu’elle ne saurait être régénérée. — Les bons conseils sont pour elle comme la pluie pour les mauvaises herbes ; — et les remontrances font renaître ses vices, — comme les têtes de l’hydre, en les frappant mortellement. — Il me semble que ses fautes sont peintes sur mon visage, — lisibles pour tout regard scrutateur, — et que le nom de Mosby, opprobre du mien, — est gravé profondément sur mon front rougissant. — Ah ! Francklin, Francklin, quand je songe à cela, — les angoisses de mon cœur torturent tout mon être — plus cruellement que les affres de l’agonie.

francklin.

— Doux Arden, laisse là ces tristes lamentations : — elle se corrigera, et alors vos chagrins cesseront, — ou elle mourra, et alors vos tourments finiront. — Et, si ni l’une ni l’autre de ces choses n’arrive, — consolez-vous dans la