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SCÈNE III.

bon de nous séparer ; — ce que j’ai promis, je l’accomplirai.

blackwill.

— Si vous nous trompiez, ça irait mal pour vous.

michel.

— J’exécuterai de point en point ce que j’ai déclaré.

blackwill.

— Eh bien, allons boire ; la colère m’a altéré comme un chien.

Sortent Blackwill, Greene et Shakebag.
MICHEL, seul.

— Ainsi l’agneau se repaît tranquillement sur la dune, — tandis que, dans l’épaisseur des broussailles, — le loup, mordu par la faim, le guette — et choisit son moment pour le dévorer. — Ah ! inoffensif Arden ! quel mal as-tu fait — pour que ta douce existence soit ainsi traquée ? — Tous les bons procédés que tu as eus pour moi, — il faut que je les reconnaisse aujourd’hui en te trahissant. — Moi, qui devrais mettre l’épée à la main — pour te protéger contre de méchants ennemis, — j’abuse de ta confiance pour te conduire — à la boucherie avec un perfide sourire. — Voilà ce que j’ai juré à Mosby et à ma maîtresse. — Voilà ce que j’ai promis à ces hommes de sang. — Et, si je n’agissais pas franchement avec eux, — leur rage effrénée se vengerait sur moi… — Baste ! je foulerai aux pieds la compassion pour cette fois ; — que la pitié se loge chez de faibles femmes ! — J’y suis résolu, Arden doit mourir.

Il sort.