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SCÈNE XII.

le roi jean.

— Toi et ta parole, vous êtes soumis à ma volonté. — Quelle promesse peux-tu faire, que je ne puisse briser ? — Quelle est la plus grande infamie, — te désobéir ou désobéir à ton père ? — Il n’est pas de parole, la tienne pas plus qu’une autre, qui oblige à l’impossible ; — et celui-la ne manque point à sa parole — qui la tient autant qu’il dépend de lui. — Le manque de foi réside dans le consentement de l’âme ; — si tu manques à ta parole malgré toi, — tu n’es pas coupable de ce manque de foi… — Allons, qu’on le pende ; car ton autorité dépend de moi, — et mon exigence est ton excuse.

charles.

— Quoi ! ne suis-je plus le soldat de ma parole ? — Alors, adieu les armes ! À d’autres de combattre ! — Ne vaut-il pas mieux détacher ma ceinture de mes reins — que d’être contrôlé par un curateur — qui m’empêchera de disposer de ce qui m’appartient ? — Sur mon âme, si Édouard, prince de Galles, — engageant sa parole, avait signé de sa noble main — la permission pour tous vos chevaliers de traverser les terres de son père, — ce roi souverain, pour faire honneur à son fils intrépide, — ne se serait pas contenté de leur donner un sauf-conduit ; — il les eût, eux et les leurs, magnifiquement fêtés.

le roi jean.

— Tu invoques un exemple ? Eh bien, soit !… — Parle, Anglais, de quel rang es-tu ?

salisbury.

— Je suis comte en Angleterre, quoique prisonnier ici ; — et ceux qui me connaissent m’appellent Salisbury.

le roi jean.

— Eh bien, Salisbury, parle, où devais-tu aller ?

salisbury.

— À Calais où est mon suzerain, le roi Édouard.