Page:Shakespeare, apocryphes - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1866, tome 2.djvu/238

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
240
ÉDOUARD III.

le prince de galles.

— Héraut de Philippe, salue ton seigneur de ma part ; — je puis recevoir tout ce qu’il peut m’envoyer pour mon bien ; — mais ne penses-tu pas que ce jeune étourdi — s’est fait tort à lui-même en m’envoyant ce cadeau ? — Peut-être ne peut-il pas prier sans livre ; — je ne le crois guère capable d’improviser dans ses dévotions. — Rends-lui donc ce pieux guide-âne — qui lui sera utile en cas dans l’adversité. — Aussi bien, il ne connaît pas la nature de mes péchés, — et il ne sait pas quelles prières je dois faire. — Il se pourrait bien qu’avant ce soir il eût lui-même à prier Dieu — de disposer mon cœur à accueillir sa prière. — Dis cela à ce royal espiègle, et va-t’en.

le héraut.

Je pars.

Sort le héraut.
le prince.

— Comme leur nombre les rend confiants !

À Audley.

— Maintenant, Audley, fais bruire tes ailes argentines, — et que ces messagers chenus de l’âge — attestent l’expérience de ton âge dans cet âge de dangers. — Toi-même tu es meurtri et ployé par bien des luttes, — et les stratagèmes du passé sont enregistrés — avec une plume d’acier sur ton noble front. — Tu es le vieil époux de cette détresse, — mais moi, je suis, pour le danger qui m’étreint, une vierge rougissante. — Apprends-moi donc à répondre dignement au péril.

audley.

— La mort est chose aussi commune que la vie. — Nous tenons à l’une, mais nous ne faisons que courir après l’autre. — Car, dès l’instant que nous commençons à vivre, — nous pourchassons incessamment le moment de mourir. — D’abord nous bourgeonnons, puis nous fleu-