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SCÈNE VII.

trompettes entonnant la retraite. — Tous ceux qui sont partis avec lui ne sont pas tués, j’espère ; — quelques-uns reviendront avec la nouvelle, bonne ou mauvaise.

Fanfare. Entre le prince de Galles en triomphe, portant dans sa main sa lance brisée ; on porte devant lui son épée et son armure bossuée, ainsi que le corps du roi de Bohême, enveloppé dans les drapeaux. Les lords courent au devant de lui et l’embrassent.
audley.

— Ô joyeux spectacle ! le victorieux Édouard est vivant !

derby.

— Bienvenu, brave prince !

ÉDOUARD, embrassant son fils.

Bienvenu, Plantagenet !

Le prince de Galles s’agenouille et baise la main de son père.
LE PRINCE DE GALLES, se relevant.

— Après avoir rendu mon hommage, comme il sied, — lords, je vous salue par de cordiales actions de grâces. — Et maintenant voyez, après mes labeurs d’hiver, — après ma pénible traversée sur l’océan orageux — de la guerre aux golfes dévorants et aux brisants d’acier, — je rapporte au port souhaité ma cargaison, — l’espoir de mon épée, la douce récompense de mon voyage ; — et ici, avec le plus humble respect, j’offre — en sacrifice ce premier fruit de ma victoire, — cueilli aux portes même de la mort, — le roi de Bohême, que j’ai tué, mon père ! — Des milliers de ses gens m’avaient cerné — et multipliaient sur mon cimier bossué, — comme sur une enclume, les coups formidables de leurs glaives. — Pourtant un courage de marbre me soutenait toujours ; — et quand mes bras las, à force de frapper, — comme la hache continuellement en mouvement du bûcheron — qui est obligé de couper une charge de bois, — commençaient à faiblir, aussitôt je me suis rappelé — les présents que vous m’aviez faits, et mes vœux fervents, — et