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ÉDOUARD III.

tor, — laisseront en lui l’impression ineffaçable de cet exploit.

derby.

— Ah ! mais il ne lui sera pas donné de vivre pour voir ces jours lointains.

édouard.

— Eh bien, son épitaphe sera une éternelle louange.

audley.

— Pourtant, mon bon seigneur, il y a une inflexibilité excessive — à laisser verser son sang, quand on peut le sauver.

édouard.

— Plus d’objections ! Nul de vous ne peut dire — si un renfort le sauverait, ou non. — Peut-être est-il déjà tué ou pris. — Troublez un faucon quand il est dans son essor, — et il sera à jamais hagard. — Qu’Édouard soit aujourd’hui délivré par nos mains, — et toujours, quand il sera en danger, il s’attendra à être secouru de même. — Mais, s’il se tire lui-même de là, — il aura vaincu, serein, la mort et la crainte, — et dès lors il ne redoutera pas plus leur pouvoir — que si c’étaient des enfants ou des esclaves captifs.

AUDLEY, À part.

— Oh ! père cruel !

Haut.

Adieu donc, Édouard !

derby.

— Adieu, doux prince, l’espoir de la chevalerie !

artois.

— Oh ! que ma vie ne peut-elle être la rançon de la sienne !

édouard.

— Contenez-vous, milords… Mais doucement !…

On sonne la retraite.

Il me semble que j’entends — la fanfare néfaste des