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SCÈNE VI.

bœuf — et qu’on leur ôte leur moelleux lit de plume, — deviennent immédiatement aussi rétifs — que s’ils étaient autant de rosses surmenées. — Donc, Français, opposez-vous fièrement à ce qu’ils deviennent vos maîtres — et enchaînez-les eux-mêmes dans les liens de la captivité.

les français.

Vive le roi ! Dieu garde le roi Jean de France !

le roi jean.

— Maintenant déployez-vous dans les plaines de Crécy… — Et toi, Édouard, dès que tu l’oseras, livre la bataille.

Sortent le roi Jean, Charles, Philippe, le duc de Lorraine, le roi de Bohême et leurs armées.
édouard.

— Nous allons te rejoindre sur-le-champ, Jean de France. — Lords anglais, prenons aujourd’hui la résolution — ou de nous laver de ces criminelles calomnies, — ou de nous ensevelir dans notre innocence.

Au prince de Galles.

— Et toi, Ned, puisque c’est aujourd’hui la première fois — que tu combats en bataille rangée, — suivant l’ancienne coutume des gens de guerre, — avant de t’investir du caractère de chevalier, — nous allons te remettre tes armes d’une manière solennelle. — Avancez donc, hérauts, et apportez selon les rites — un équipement de combat pour le prince mon fils.

Fanfare. Entrent quatre hérauts, portant processionnellement une cotte d’armes, un heaume, une lance et un bouclier.
Le premier héraut remet l’armure au roi Édouard qui, en la passant à son fils, reprend ainsi :

— Édouard Plantagenet, au nom de Dieu, — comme ta poitrine est recouverte par moi de cette armure, — puisse ton noble cœur intrépide — être muré d’une roche de vertu