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ÉDOUARD III.

— ainsi une trombe soulève la poussière d’été — et la disperse au milieu de l’air. — Alors vous pouviez voir les vaisseaux à la dérive se briser, — et, tout croulants, s’enfoncer dans l’abîme implacable — jusqu’à ce que leurs sommets altiers eussent entièrement disparu. — Tous les moyens étaient employés et pour la défense et pour l’attaque ; — et alors les effets de la valeur et de la crainte, — de la résolution et de la couardise, — étaient peints sur les visages ; on devinait que l’un combattait pour la gloire, — l’autre par nécessité. — Le Sans-Pareil, ce brave navire, faisait des prodiges ; — de même le Serpent-Noir de Boulogne, — le vaisseau le plus gaillard qui ait jamais déployé ses voiles. — Mais c’était en vain. Le soleil, le vent, la marée — s’étaient mis du côté de nos ennemis, — si bien que nous avons été forcés de battre en retraite, — et qu’ils sont débarqués. Là se termine mon récit ; — nous avons été battus à la male heure, et ils ont triomphé !

le roi jean.

— Donc il ne nous reste plus qu’à réunir — sur-le-champ toutes nos forces, — et à leur livrer bataille avant qu’ils aient pénétré trop avant. — Allons, cher Philippe, partons d’ici. — Les paroles de ce soldat ont percé le cœur de ton père.

Ils sortent.

SCÈNE VI.
[En Picardie. Les environs de Crécy.]
Entre un français. Il se croise avec d’autres français, parmi lesquels une femme et deux enfants, chargés de meubles et d’ustensiles, comme des gens qui déménagent.
premier français.

— Heureux de vous rencontrer, mes maîtres. Eh bien !