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ÉDOUARD III.

le roi jean.

— Bienvenu, roi de Bohême ! Bienvenus, tous ! — Je n’oublierai pas ce grand acte de votre dévouement. — Outre de larges récompenses en écus — que vous recevrez de notre trésor, — voici venir une nation écervelée, drapée dans son orgueil, — dont la dépouille sera pour vous un triple butin. — Et maintenant mon espérance est entière, ma joie complète. — En mer, nous avons des forces aussi formidables — qu’Agamemnon dans le havre de Troie ; — sur terre, nous rivalisons de puissance avec Xerxès, — dont les armées épuisaient les rivières en se désaltérant. — Aussi, ce nouveau Bayard, l’aveugle, l’outrecuidant petit Édouard, — qui ose aspirer à notre impérial diadème, — doit être ou englouti par les vagues — ou taillé en pièces dès qu’il débarquera.

Entre un marin.
le marin.

— Monseigneur, je viens de signaler près de la côte, — comme j’étais occupé à faire ma faction, — la fière armada des vaisseaux d’Édouard. — Tout d’abord, quand je les aperçus de loin, — il me sembla voir une forêt de pins flétris ; — mais, à mesure qu’ils approchaient, leurs splendides agrès, — leurs enseignes de soie bariolée, flottant au vent, — les faisaient ressembler à un parterre de fleurs — ornant le sein nu de la terre. — L’ordre majestueux de leur course — figurait le croissant de la lune. — Au perroquet de l’amiral, — comme au haut de toutes les voiles de sa suite, — étaient arborées les armes d’Angleterre et de France — écartelées également par l’art du héraut. — Ainsi, portés lestement par une brise joyeuse, — ils arrivent droit sur nous en labourant l’Océan.

le roi jean.

— Oserait-il déjà toucher à la fleur de lys ? — J’espère