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ÉDOUARD III.

À part.

— Ta mère est toute noire, et toi, qui lui ressembles, — tu me rappelles combien elle est affreuse.

À Lodowick.

— Va, amène ici la comtesse par la main, — et qu’elle chasse toutes ces nuées d’hiver ; — car elle donne la beauté à la terre et au ciel.

Sort Lodowick.

— Il est plus coupable de tailler à merci de pauvres gens — que d’embrasser dans une illégitime étreinte — le résumé de toutes les beautés révélées au monde — depuis l’incarnation d’Adam jusqu’à ce moment nouveau-né.

Lodowick rentre avec la comtesse.
À part.

— Va, Lodowick, mets ta main dans ma bourse, — joue, dépense, donne, fais ripaille, gaspille ; fais ce que tu voudras, — pourvu que tu t’absentes un moment et me laisses ici.

Sort Lodowick.

— Eh bien, compagne de jeu de mon âme ! Es-tu venue enfin — pour répondre par ce mot plus que divin, oui, — à ma revendication de ton bel amour ?

la comtesse.

— Mon père m’a commandé, au nom de sa bénédiction…

édouard.

— De me céder…

la comtesse.

— Oui, mon cher prince, ce qui vous est dû.

édouard.

— Et ce que tu me dois, mon très-cher amour, — c’est le bien pour le bien, c’est tendresse pour tendresse.