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ÉDOUARD III.

à écrire ; — et, de tambour criard qu’il était, je le réduirai ainsi — à être un héraut et un intermédiaire discret — entre une déesse et un roi puissant. — Va, dis a ce soldat d’apprendre à toucher du luth — ou de se pendre aux bretelles de son tambour ; — car en ce moment nous tenons pour chose incivile — de troubler le ciel par des sons discordants ! — Va.

Sort Lodowick.

— Pour la querelle qui m’occupe, je trouverai en moi-même — toutes les armes nécessaires : je marcherai sur mon ennemi — en faisant battre la charge par de pathétiques gémissements ; — mes regards seront mes flèches, et mes soupirs — seront comme le vent propice — qui emportera dans un tourbillon ma plus touchante artillerie. — Mais, hélas ! elle met le soleil contre moi, — car elle-même est le soleil, Je comprends maintenant — que les poëtes représentent aveugle le guerrier Cupidon ; — l’amour a des yeux pour guider sa marche — jusqu’au moment où l’être aimé les éblouit par l’excès de son rayonnement.

Rentre Lodowick.

— Eh bien ?

lodowick.

Mon suzerain, le tambour qui battait si gaillardement aux champs — escorte le prince Édouard, votre fils trois fois vaillant.

Entre le prince ne galles. Lodowick se retire auprès de la porte.
édouard.

— J’aperçois mon enfant… Oh ! comme l’image de sa mère, — moulée dans ses traits, réprime ma passion égarée, — et gourmande mon cœur, et gronde mes yeux ravisseurs — qui, suffisamment riches de sa vue, — cherchent ail-