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ÉDOUARD III.

warwick,

— Le ciel me préserve, pour l’honneur de ma vieillesse, — de rendre du plomb, quand je dois de l’or pur ! — L’âge est un cynique, et non un flatteur. — Je répète que, si je connaissais votre chagrin — et si je pouvais contribuer à l’amoindrir, — je paierais de ma propre souffrance le soulagement de votre altesse.

édouard.

— Ce sont bien là les offres vulgaires de ces hommes faux — qui n’acquittent jamais la dette de leur parole. — Tu n’hésiteras pas à jurer ce que tu as dit ; — pourtant, quand tu connaîtras la nature de mon ennui, — tu ravaleras l’imprudente parole — que tu auras vomie, et tu me laisseras sans secours.

warwick.

— Non, par le ciel ! quand votre majesté — m’ordonnerait de me jeter sur mon épée et de mourir !

édouard.

— Et supposons qu’à ma souffrance il n’y eût d’autre remède — que la perte et l’écroulement de ton honneur ?

warwick.

— Si cette perte pouvait seule faire votre bonheur, — je la regarderais comme un bonheur pour moi-même.

édouard.

— Crois-tu que tu pourrais rétracter ton serment ?

warwick.

— Je ne le pourrais pas ; et je le pourrais, que je ne le voudrais pas.

édouard.

— Mais, si tu le fais, que serai-je en droit de te dire ?

warwick.

— Ce qu’on peut dire à tout misérable parjure — qui viole l’engagement sacré du serment.