Page:Shakespeare, apocryphes - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1866, tome 2.djvu/183

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
185
SCÈNE III.

est fait, est excessivement mal. — Non, laisse le capitaine parler des orages de la guerre, — et le prisonnier, des sombres rigueurs de la captivité murée. — Le malade lui-même exprime le mieux les affres de l’agonie ; — l’affamé, les douceurs d’un festin ; — l’être gelé, les bienfaits du feu ; — toute souffrance, son heureux contraire ! — L’amour ne trouve son juste accent que sur les lèvres de l’amoureux. — Donne-moi la plume et le papier. Je vais écrire…

Entre la comtesse.

— Mais, doucement ! voici venir le trésor de mon âme !… — Lodowick, tu ne sais pas dresser un plan de bataille ; — ces ailes, ces éclaireurs, ces escadrons, ainsi disposés, — accusent chez toi une tactique défectueuse ; — tu aurais dû placer cette troupe ici, ici cette autre.

la comtesse.

— Pardonnez à ma hardiesse, mon seigneur trois fois gracieux ; — daignez ne voir dans mon importunité que mon légitime empressement — à venir savoir comment se porte mon souverain.

ÉDOUARD, à Lodowick.

— Va, refais cela, je t’ai dit comment.

lodowick.

J’y vais.

Sort Lodowick.
la comtesse.

— Je suis fâchée de voir mon suzerain si soucieux. — Que peut faire ta sujette, pour éloigner de toi — cette morose compagne, la sombre mélancolie ?

édouard.

— Ah ! madame, je suis peu raffiné, et je ne sais pas jeter — les fleurs de la consolation sur un limon de honte. — Depuis que je suis ici, comtesse, je suis offensé.