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ÉDOUARD III.

LODOWICK, relisant.

Plus belle et plus chaste…

édouard.

— Je ne t’ai pas dit de parler de chasteté, — et de gaspiller ainsi le trésor de son âme ; — car je la voudrais plutôt pleine de charité que de chasteté. — Rature-moi ce vers de la lune, je n’en veux pas, — et compare ma belle au soleil. — Dis qu’elle a trois fois plus de splendeur que le soleil, — que sa perfection rivalise avec le soleil, — qu’elle produit autant de délices que le soleil, — qu’elle dégèle l’hiver glacé, comme le soleil, — qu’elle réjouit le doux été, comme le soleil, — qu’elle éblouit les contemplateurs, comme le soleil ; — et, poursuivant ce rapprochement avec le soleil, — dis-lui d’être aussi bonne et aussi généreuse que le soleil, — qui sourit à l’herbe la plus infime — aussi tendrement qu’à la rose embaumée. — Voyons donc ce qui suit ce vers de clair de lune.

LODOWICK, lisant.

Plus belle et plus chaste que la reine des ombres,
Plus intrépide dans la constance…

édouard.

Dans la constance ! que qui donc ?

lodowick.

Que ne l’était Judith.

édouard.

— Oh ! le vers monstrueux ! Maintenant mets-lui une épée à la main, — et je lui ferai ma cour pour qu’elle me coupe la tête. — Efface, efface, bon Lodowick ! Écoutons la suite.

lodowick.

— Voilà tout ce qui est fait jusqu’à présent.

édouard.

— Merci donc ! tu as fait peu de mal ; — mais le peu qui