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PÉRICLÈS.

De fins voiliers et de bons vents ont amené
Ce roi à Tharse ; donnez-lui la pensée pour pilote,
Et vos pensées navigueront de conserve avec lui ;
Il vient chercher sa fille, qui est déjà partie.
Voyez-les un peu se mouvoir comme des spectres et des ombres ;
Je vais mettre vos oreilles d’accord avec vos yeux.</poem>

pantomime.
Entrent, par une porte, Périclès avec sa suite ; Cléon et Dionysa par l’autre. Cléon montre à Périclès la tombe de Marina ; sur quoi Périclès se lamente, revêt un cilice, et part dans la plus grande douleur. Alors Cléon et Dionysa se retirent.
gower.

Voyez comme de faux semblants peuvent abuser le crédulité
Cette émotion d’emprunt passe pour une vraie et respectable douleur !
Et Périclès, dévoré de chagrin,
Éclatant en sanglots, les yeux inondés de grosses larmes,
Quitte Tharse et se rembarque. Il jure
De ne plus laver sa face, de ne plus couper ses cheveux ;
Il met un cilice, et à la voile ! Il subit
Une tempête qui déchire son vaisseau mortel,
Mais il en réchappe. Sur ce, veuillez écouter
L’épitaphe composée pour Marina
Par la méchante Dionysa :

Il lit l’inscription sur le tombeau.
« Ci-gît la plus belle, la plus douce, la meilleure des créatures, — qui s’est flétrie dans son printemps. — Elle était de Tyr et la fille du roi, — celle que la sombre mort a ainsi immolée. — Elle s’appelait Marina ; à sa naissance, — Thétis, toute fière, envahit une partie de la terre ; — par contre, la terre, craignant d’être submergée, — a livré au ciel cette enfant issue de Thétis ; — et celle-ci furieuse assiége et jure — de toujours assiéger les rochers de la rive. »

Aucun masque ne sied à la noire vileuie
Comme la douce et tendre flatterie.
Que Périclès croie sa fille morte,
Et soumette sa destinée aux décrets
De dame Fortune, tandis que notre scène déploie