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PÉRICLÈS.

de vous une bonne opinion, et que cette opinion ne soit pas pour vous une bonne aubaine.

marina.

Je ne vous comprends pas.

boult.

Oh ! faites-la marcher, maîtresse, faites-la marcher ; il faut dissiper ces rougeurs-là par un peu de pratique immédiate.

la maquerelle.

Tu dis vrai, ma foi, il le faut ; car une mariée même ne se laisse pas aller sans honte là où elle peut légitimement aller.

boult.

Oui, il y en a qui ont honte, d’autres non. Mais, maîtresse, si c’est moi qui ai marchande ce friand morceau…

la maquerelle.

Tu as le droit d’en couper une tranche sur la broche.

boult.

C’est mon droit.

la maquerelle.

Qui le nierait ? Venez, jeunesse, j’aime fort la façon de vos vêtements.

boult.

Oui, ma foi, elle n’en changera pas encore.

la maquerelle.

Boult, répands la chose par la ville ; annonce quelle pensionnaire nous avons ; tu ne perdras rien à multiplier les pratiques. Quand la nature a formé ce morceau-là, elle te voulait du bien ; va donc dire quelle merveille il y a ici, et tu tireras une récolte de tes rapports.

boult.

Soyez tranquille, maîtresse, le tonnerre est moins prompt à réveiller les anguilles que ne le sera mon éloge de la belle à stimuler les libertins. J’en amènerai dès ce soir.