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SCÈNE XV.

le maquereau.

Bien, suivez-moi, mes maîtres ; vous allez avoir votre argent sur-le-champ. Femme, introduis-la ; instruis-la de ce qu’elle a à faire, afin qu’elle ne soit pas maladroite en besogne.

Sortent le maquereau et les pirates.
la maquerelle.

Boult, prenez en note son signalement, la couleur de ses cheveux, son teint, sa taille, son âge, sa virginité garantie, et criez : Celui qui donnera le plus l’aura le premier. Un pucelage pareil se paierait cher, si les hommes étaient ce qu’ils ont été. Faites ce que je vous commande.

boult.

L’exécution va suivre.

Il sort.
marina.

— Hélas ! pourquoi Léonin a-t-il été si hésitant et si lent ? — Il aurait dû frapper, sans parler, ou pourquoi ces pirates, — trop peu barbares, ne m’ont-ils pas jetée — par dessus le bord à la recherche de ma mère !

la maquerelle.

Pourquoi vous lamentez-vous, jolie fille ?

marina.

Parce que je suis jolie.

la maquerelle.

Allons, ce sont les dieux qui vous ont ainsi partagée.

marina.

Je ne les accuse pas.

la maquerelle.

Vous êtes tombée dans mes mains où vous êtes sûre de vivre.

marina.

Je n’en suis que plus malheureuse d’avoir échappé aux mains où j’étais sûre de mourir.