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PÉRICLÈS.

cèrimon.

— Enseveli dans un drap somptueux ; précieusement embaumé — avec des sacs pleins d’épices !… Une cédule ! — Apollon, apprends-moi à déchiffrer ces caractères.

Il déplie un parchemin.

Ici je donne avis,
Si jamais ce cercueil touche à terre,
Que moi, le roi Périclès, j’ai perdu
Cette reine, valant toutes les splendeurs de ce monde.
Que celui qui la trouvera lui donne la sépulture.
Outre ces trésors qui le paieront de sa peine,
Que les dieux récompensant sa charité.

— Si tu vis, Périclès, tu as un cœur — qui doit se fendre de douleur !… C’est arrivé cette nuit.

deuxième gentleman.

— Très-probablement, seigneur.

cèrimon.

Très-certainement cette nuit. — Car voyez, quel air de fraîcheur elle a… Ils ont été bien durs, — ceux qui l’ont jetée à la mer. Faites du feu à côté ; — allez me chercher toutes les boîtes de mon cabinet. — La mort peut usurper sur la nature plusieurs heures, — et pourtant le feu de la vie peut encore rallumer — les esprits accablés. J’ai ouï parler d’un Égyptien qui, resté neuf heures sans vie, — a été ranimé par d’opportuns secours.

Entre un domestique, apportant des boîtes, des serviettes et du feu.

— Bon ! bon ! le feu et le linge ! — Faites résonner, je vous prie, — la rude et triste musique que nous avons… — La viole encore une fois !… Bougeras-tu, bloc !… — La musique, là !… Donnez-lui de l’air, je vous prie. — messieurs, — cette reine vivra : la nature se réveille ; la chaleur — s’en exhale ; elle n’a pas été en léthargie plus de cinq heures. Voyez, comme en elle s’épanouit de nouveau — la fleur de la vie !