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LES APOCRYPHES.

commis en 1551, — le meurtre d’un gentleman, nommé Arden, qui fut assassiné par Alice sa femme et par l’amant de sa femme, un misérable ouvrier appelé Mosby.

Est-ce là tout ? Non ! attendez encore. Le dix-neuvième siècle nous réserve d’autres surprises. En 1831, Tieck, le célèbre critique d’outre-Rhin, appelle l’attention du monde littéraire sur un ouvrage anonyme, imprimé dès 1599, la Comédie plaisamment concue de George-à-Greene, le pãtre de Wakefield, qu’il attribue aux débuts du grand Will. Cette comédie n’est que l’exhibition grossièrement amusante des prouesses d’un paysan, George-à-Greene, qui aida le roi Édouard Ier à réprimer violemment une insurrection des nobles et fut récompensé de ses services en obtenant du roi l’autorisation d’épouser une belle fille que lui refusait obstinément un père avare.

Au moment même où j’écris ces lignes (octobre 1865) les nombreux visiteurs que le chemin de fer transporte chaque jour de Londres à Sydenham peuvent voir exposé dans une vitrine, au palais de Cristal, un petit volume in-quarto auquel est annexée une étiquette portant ces mots : « Pièce qu’on suppose, d’après de bonnes autorités, avoir été écrite par William Shakespeare en 1603, avec notes manuscrites, additions, et corrections de sa propre écriture. » En tête du petit volume on lit ce qui suit : Albumazar, Comédie représentée devant Sa Majesté le roi à Cambridge, le 9 mars 1614, par les gentlemen du Collège de la Trinité. Londres. Imprimé par Nicolas Oke pour Walter Burre et en vente à sa boutique au cimetière de Saint-Paul. Cet Albumazar, longtemps attribué à un certain Tomkins, et qu’aujourd’hui on veut imputer à Shakespeare, est une pièce intéressante qui, selon Dryden, a servi de modèle à l’Alchimiste de Ben Jenson et qui, après un long oubli, a été reprise avec succès par Garrick au siècle dernier.