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APPENDICE.

Arcite entendit murmurer tout bas : Victoire ! Et en reconnaissance il rendit honneur à Mars. Et sur ce, plein de joie et d’espoir, Arcite s’en retourna à son auberge.

Le matin, au lever du jour, il y eut dans toutes les hôtelleries d’Athènes un grand bruit de chevaux et de harnais ; et vers le palais chevauchèrent une foule de seigneurs, montés sur des destriers et sur des palefrois… Puis les trompettes résonnèrent, et vers la lice toute la compagnie se dirigea en procession à travers la vaste cité qui était tendue de drap d’or et non de serge. Le noble duc Thésée ouvrait la marche en vrai prince, ayant à ses côtés les deux Thébains ; et ensuite venaient la reine et Émilie, et puis tous les autres, chacun selon son rang. Et ainsi ils traversèrent la cité, et ils arrivèrent de bonne heure à la lice ; car il n’était pas encore tout à fait prime. Quand Thésée fut assis au haut de la riche estrade, ayant près de lui la reine Hippolyte et Émilie, et les autres dames assises sur les degrés, toute la foule prit place. Et à l’ouest, par la porte que dominait l’autel de Mars, Arcite et ses cent compagnons entrèrent, une bannière rouge au vent ; et au même instant, déployant une bannière blanche, Palémon se plaça à l’est, sous l’autel de Vénus, — avec une figure et une contenance hardies. On eût fouillé le monde entier qu’on n’eût pas trouvé deux compagnies pareilles. Le plus habile n’eût pu distinguer de quel côté était l’avantage de la valeur, du rang, de l’âge, tant les forces étaient également réparties. Les combattants se placèrent sur deux rangs ; et, quand les noms eurent été lus à voix haute, afin qu’il n’y eût pas de fraude dans le nombre, les portes furent fermées, et les hérauts crièrent : « Maintenant, faites votre devoir, jeunes et fiers chevaliers. »

Alors les trompettes et les clairons sonnèrent bruyamment. À l’est et à l’ouest les lances se posèrent en arrêt, et tous de s’élancer au galop à la joute. Les traits se brisent en