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LES DEUX NOBLES PARENTS.

rais sortie — pour appeler les filles et payer les ménestrels ; — car je dois perdre ma virginité au chant du coq ; — autrement elle ne fructifiera jamais.

Fredonnant.
Oh ! charmant ! oh ! bien-aimé, etc.
le frère du geôlier, au geôlier.

— Il faut que vous preniez la chose en patience.

le geôlier.

C’est vrai.

la fille du geôlier.

— Bonsoir, bonnes gens ! Dites-moi, avez-vous jamais ouï parler — d’un jeune Palémon ?

le geôlier.

Oui, fillette, nous le connaissons.

la fille du geôlier.

— N’est-ce pas un beau jeune homme ?

le geôlier, à son frère.

C’est l’amour !

le frère du geôlier.

— Ne la contrariez à aucun prix ; son délire alors — empirerait.

premier ami.

Oui, c’est un bel homme.

la fille du geôlier.

— Oh ! certes !… Vous avez une sœur ?

premier ami.

Oui.

la fille du geôlier.

— Eh bien, elle ne l’aura jamais, dites-le-lui, — à cause d’un tour que je sais… Vous ferez bien de veiller sur elle ; — car si elle le voit une fois, elle est perdue ; elle sera faite — et défaite en une heure. Toutes les jeunes filles — de notre ville sont amoureuses de lui ; mais je ris d’elles, — et je les laisse faire ; n’est-ce pas un sage parti-pris ?