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LES DEUX NOBLES PARENTS.

votre cousin — est dix fois plus coupable que vous, puisque j’ai eu pour lui — plus d’indulgence que vous n’en avez obtenu, monsieur, bien que vos torts — ne fussent pas plus grands que les siens. Que personne ici ne parle en leur faveur ! — Car, avant que le soleil soit couché, tous deux seront endormis pour toujours.

hippolyte.

— Hélas ! quel dommage !… Maintenant ou jamais, ma sœur, — parlez de façon à ne pas être refusée ; autrement votre figure — subira les malédictions de l’avenir — pour avoir perdu ces cousins !

émilie.

Dans ma figure, chère sœur, — je ne vois rien d’hostile, rien de funeste pour eux. — C’est la mésaventure de leurs propres regards qui les tue. — Pourtant je suis femme, et j’ai de la pitié, — et je veux obtenir leur grâce, dussent mes genoux prendre racine en terre. — Secondez-moi, chère sœur ! Pour un acte si vertueux, — les influences de toutes les femmes seront avec nous. — Très-royal frère !

Elle s’agenouille.
hippolyte.

Seigneur, par le lien de notre mariage !

Elle s’agenouille.
émilie.

— Par notre honneur immaculé !

hippolyte.

Par la foi, — par la noble main, par l’honnête cœur que vous m’avez donnés !

émilie.

— Par la pitié que vous souhaiteriez à un autre, — par vos propres vertus infinies !

hippolyte.

Par la vaillance, — par toutes les chastes nuits où je vous ai jamais charmé !

thésée.

— Voilà d’étranges conjurations !