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LES DEUX NOBLES PARENTS.

l’homme le mieux fait pour plaire à une femme — (s’il lui plaît d’y consentir) que jamais — mes yeux aient aperçu. Ensuite, je l’ai plaint ; — et c’est ce qu’aurait fait toute jeune fille de ma nature, — ayant jamais, dans ses rêves, voué sa virginité — à un beau jeune homme. Et puis, je l’ai aimé, — aimé extrêmement, aimé infiniment. — Et pourtant il a un cousin, beau comme lui ; — mais dans mon cœur, il n’existe que Palémon, et là, — seigneur ! quel remue-ménage il fait ! L’entendre — chanter le soir, quel ciel cela est ! — Et pourtant ses chants sont tristes. Jamais gentilhomme — n’eut un plus doux parler. Quand j’entre — pour lui apporter de l’eau le matin, d’abord — il incline sa noble personne, puis me salue ainsi : — « Jolie enfant, bonjour ! puisse ta bonté — te valoir un heureux mari ! » Une fois il m’a embrassée ; — j’en aimais mieux mes lèvres dix jours après. — Que n’en fait-il autant tous les jours ! Il souffre beaucoup, — et je souffre autant que lui de le voir malheureux. — Que pourrais-je faire pour lui faire comprendre que je l’aime ? — Car je voudrais tant qu’il fût à moi… Si je me risquais — à lui rendre la liberté ?… Que dirait donc la loi ?… — Qu’importent la loi et la famille ! je le ferai, — cette nuit, ou demain. Il m’aimera !

Elle sort.

SCÈNE IV.
[Une grande place.]
Courte fanfare de cornets. Acclamations. Entrent Thésée, Hippolyte, Pirithoüs, Émilie, Arcite déguisé, portant une couronne ; puis des campagnards.
THÉSÉE, à Arcite.

Vous avez fait des prouesses ; je n’ai pas vu, — depuis Hercule, un homme ayant des muscles plus fermes. — Qui