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LES DEUX NOBLES PARENTS.

pour l’obtenir, s’il reste le noble Arcite ! — Si j’étais en liberté, je ferais des choses — d’une si héroïque grandeur, que cette dame, — cette vierge rougissante contracterait la hardiesse virile — et essaierait de me violer !

le geôlier.

Monseigneur, pour vous aussi — j’ai des ordres.

palémon.

— L’ordre de m’enlever la vie ?

le geôlier.

— Non ; celui d’emmener votre seigneurie de cette chambre ; — les fenêtres sont trop larges.

palémon.

Que le diable emporte ceux — qui me persécutent ainsi !… Je t’en prie, tue-moi.

le geôlier.

— Oui, pour être pendu ensuite !

palémon.

Par cette bonne lumière, — si j’avais une épée, je te tuerais.

le geôlier.

Pourquoi, monseigneur ?

palémon.

— Tu apportes continuellement de si pitoyables, de si méchantes nouvelles ; — tu n’es pas digne de vivre !… Je ne m’en irai pas.

le geôlier.

— En vérité, il le faut, monseigneur.

palémon.

Pourrai-je encore voir le jardin ?

le geôlier.

Non.

palémon.

— Alors j’y suis résolu, je ne m’en irai pas.