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ACTE II, SCÈNE I.

palémon.

Vous pouvez l’être.

arcite.

— Pourquoi alors auriez-vous cette prétention si insidieuse, — si étrange, si indigne d’un noble parent, — d’être seul à aimer ? Parlez sincèrement : me croyez-vous — indigne de sa vue ?

palémon.

Non ; mais déloyal, — si tu recherches sa vue.

arcite.

Parce qu’un autre — a le premier vu l’ennemi, dois-je rester immobile, — et laisser déchoir mon honneur, et ne pas charger ?

palémon.

— Oui, si cet ennemi n’est qu’une seule personne !

arcite.

Mais si cette seule personne — préfère combattre avec moi !

palémon.

Qu’elle le dise alors, — et use de ta liberté ! Autrement, si tu la poursuis, — tu es comme le maudit qui hait son pays, — un infâme scélérat !

arcite.

Vous êtes fou.

palémon.

Je dois l’être, — jusqu’à ce que tu redeviennes loyal, Arcite ; cela me regarde ! — Si, dans ma folie, je le fais courir des risques, — si je te prends la vie, je n’aurai que trop raison.

arcite.

Fi, monsieur ! — Vous faites par trop l’enfant. Je prétends l’aimer, — je ne puis pas ne pas l’aimer, je le dois, et je l’ose ; — et tout cela justement.