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LES DEUX NOBLES PARENTS.

destie elle s’épanouit, en reflétant le soleil — par ses chastes rougeurs ! Quand le vent du nord s’approche d’elle, — rude et brusque, alors, toute chasteté, — elle renferme de nouveau ses beautés dans son bouton, — et le laisse se ruer sur de misérables épines.

la suivante.

Pourtant, chère madame, — parfois sa modestie s’épanouit si bien — qu’elle se déflore. Une vierge, — ayant quelque honneur, répugnerait — à prendre exemple sur elle.

émilie.

Tu es badine.

ARCITE, à Palémon.

— Elle est merveilleusement belle !

palémon.

Elle est toute la beauté existante.

émilie.

— Le soleil monte ; rentrons. Garde ces fleurs ; — nous verrons à quel point l’art peut approcher de ces couleurs. — Je suis prodigieusement gaie ; je rirais volontiers à présent.

la suivante.

— Moi, je m’étendrais volontiers, j’en suis sûre.

émilie.

Avec quelqu’un près de vous ?

la suivante.

— Cela dépendrait de l’arrangement, madame.

émilie.

Eh bien, fais un accord.

Elle sort avec la suivante.
palémon.

— Que pensez-vous de cette beauté ?

arcite.

Elle est rare.