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ACTE I, SCÈNE III.

pétitions ne sont pas — comprises sans présents, je lui offrirai — quelque chose qui, j’en suis sûre, la touchera… Nos cœurs — sont dans l’armée de Thésée, dans sa tente !

hippolyte.

Dans sa poitrine ! — Nous, nous avons fait la guerre, et nous ne savons pas pleurer — quand nos amis ceignent leur casque, ou s’embarquent sur mer, — quand on nous parle de bambins embrochés au bout d’une lance ou de femmes — qui, avant de manger leurs enfants, les ont bouillis — dans les larmes amères qu’elles versaient en les tuant. Si donc — vous attendiez de nous ces émotions de femmelette, nous — vous retiendrions ici à jamais.

pirithoüs.

Que la paix soit avec vous, — comme je vole à cette guerre qui alors n’aura plus — rien à réclamer !

Il sort.
èmilie.

Comme son impatience — l’entraîne vers son ami ! Depuis le départ de Thésée, les jeux, — qui réclament du sérieux et de l’habileté, ont à peine obtenu — de lui une insouciante exécution ; le gain — ne le rend pas attentif, ni la perte circonspect ! Mais — une affaire distrait sa main, une autre — préoccupe sa tête, sa sollicitude veillant indifféremment — sur ces jumelles si dissemblables ! L’avez-vous observé, — depuis que notre grand prince est parti ?

hippolyte.

Avec beaucoup de soin, — et je ne l’en ai aimé que mieux. Tous deux ont campé ensemble — dans maints parages dangereux et misérables, — affrontant périls et besoins ; ils ont franchi — des torrents dont le moindre était effrayant — par sa force et sa furie rugissante ; ils ont — combattu ensemble là où la mort elle-même était embusquée, — et la destinée les a ramenés victorieux. Le nœud de leur amitié — est serré, emmêlé, enchevêtré avec tant de sincé-