plaise que j’aie la témérité de me presser pour le ciel dans mes jeunes jours ! Morguienne, je vais avec mes pigeons au tribunal de la plèbe, pour arranger une matière de querelle entre mon oncle et un des gens de l’empereur.
Eh bien, seigneur, cela se trouve à merveille pour la transmission de votre requête. Qu’il offre les pigeons à l’empereur de votre part.
Dis-moi, saurais-tu transmettre une requête à l’empereur avec grâce ?
Nenni, vraiment, monsieur, je n’ai jamais pu dire les grâces de ma vie.
— Maraud, viens ici ; ne fais plus d’embarras ; — mais offre tes pigeons à l’empereur ; — par moi tu obtiendras de lui justice… — Arrête, arrête, en attendant, voici de l’argent pour ta commission… — Qu’on me donne une plume et de l’encre !… — Drôle, sauras-tu remettre avec grâce une supplique ? —
Oui, monsieur.
Eh bien, voilà une supplique pour vous. Et, dès que vous serez devant l’empereur, de prime-abord, il faudra vous agenouiller ; puis vous lui baiserez le pied ; puis vous lui remettrez vos pigeons, et alors vous attendrez votre récompense. Je serai près de vous, monsieur ; surtout faites la chose bravement.
Je vous le garantis, monsieur, laissez-moi faire.
— Maraud, as-tu un couteau ?… Viens, fais-le-moi