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SCÈNE VII.

je vais me procurer une feuille d’airain, — et avec une pointe d’acier j’y inscrirai ces mots-là, — pour les tenir en réserve.

Il montre les mots que vient d’écrire Lavinia.

Un vent du nord violent — va disperser ces sables, comme les feuilles de la sibylle, — et où sera votre leçon alors ?… Enfant, que dis-tu ?

le jeune lucius.

— Je dis, monseigneur, que, si j’étais homme, — la chambre à coucher de leur mère ne serait pas sûre — pour ces traîtres asservis au joug de Rome.

marcus.

— Oui, voilà bien un digne enfant ! ton père a souvent — agi avec ce dévouement pour son ingrate patrie.

le jeune lucius.

— Eh bien, mon oncle, j’agirai ainsi, si je vis.

titus.

— Allons, viens avec moi dans ma salle d’armes ; — Lucius, je vais t’équiper ; et ensuite, mon enfant, — tu porteras de ma part aux fils de l’impératrice — les présents que j’ai l’intention de leur envoyer à tous deux ; — viens, viens ; tu rempliras ton message, n’est-ce pas ?

le jeune lucius.

— Oui, avec mon poignard dans leurs poitrines, grand-père.

titus.

— Non, enfant, non ; je t’enseignerai un autre moyen. — Lavinia, viens… Toi, Marcus, veille sur ma maison ; — Lucius et moi, nous allons faire merveille à la cour ; — oui, morbleu, seigneur ; et nous aurons un cortége.

Sortent Titus, Lavinia et le jeune Lucius.
marcus.

— Ô ciel, peux-tu entendre un bon homme gémir, — et ne pas t’attendrir, et ne pas avoir pitié de lui ? — Va, Mar-