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n’est que la dupe d’un scélérat hypocrite, il peut être un sot ; mais il n’est pas un méchant pour cela.

L’erreur de fait ne touchant point aux affections, ne produit point le vice ; mais l’erreur de droit influe dans toute Créature raisonnable & conséquente, sur ses affections naturelles, & ne peut manquer de la rendre vicieuse.

Mais il y a beaucoup d’occasions où les matières de droit sont d’une discussion trop épineuse, même pour les personnes les plus éclairées[1]. Dans ces circonstances, une faute légère ne suffit

  1. Les erreurs particuliéres engendrent les erreurs populaires, & alternativement : on aime à persuader aux autres ce que l’on croit, & l’on résiste difficilement à ce dont on voit les autres persuadés. Il est presqu’impossible de rejetter les opinions qui nous viennent de loin & comme de main en main ; le moyen de donner un démenti à tant d’honnétes-gens qui nous ont précédés ! Les tems écartent d’ailleurs une infinité de circonstances qui nous enhardiroient : ceux qui se sont abbreuvés