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privés, n’est injurieux à la société, que quand il est excessif, & jamais lorsqu’il est tempéré, nous dirons alors que l’excès a rendu vicieux un penchant qui dans sa nature était bon. Ainsi toute inclination qui portera la Créature à son bien particulier, pour être vicieuse, doit être nuisible à l’intérêt public. C’est ce défaut qui caractérise l’Homme intéressé ; défaut contre lequel on se récrie si haut[1], quand il est trop marqué.

  1. Tous les Livres de Morale sont pleins de déclamations vagues contre l’intérêt. On s’épuise en détails, en divisions, & en subdivisions pour en venir à cette conclusion énigmatique, que quel que foit le désinteressement spécieux, quelle que soit la générosité apparente dont nous nous parions ; au fond, l’intérêt & l’amour-propre sont les seuls principes de nos actions. Si au lieu de courir après l’esprit & d’arranger des Phrases, ces Auteurs, partant de définitions exactes, avoient commencé par nous apprendre ce que c’est qu’Intérêt ; ce qu’ils entendent par Amour-propre ; leurs Ouvrages avec cette Clef pourroient servir à quelque chose. Car nous sommes tous d’accord que la Créature peut s’aimer, peut tendre à ses intérêts, &