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Si un Etre est absolument mauvais, il est tel relativement au système général, & ce système est imparfait. Mais si le mal d’un système particulier fait le bien d’un autre système, si ce mal apparent contribue au bien général, comme il arrive, lorsqu’une espèce subsiste par la destruction d’une autre ; lorsque la corruption d’un Etre en fait éclore un nouveau, lorsqu’un tourbillon se fond dans un tourbillon voisin, ce mal particulier n’est pas un mal absolu ; non plus qu’une dent qui

    Voici maintenant la réponse & le raisonnement de ceux qui la défendent : je suis en état de démontrer que ce qui fait en mille occasions le mal d’un systême, se tourne, par une suite merveilleuse de l’ordre universel, à l’avantage d’un autre ; donc lorsque je n’ai pas la même évidence par rapport à d’autres Phénomenes semblables, ce n’est point altération dans l’ordre ; mais insuffifance dans mes lumieres ; donc l’ordre universel des choses n’en est pas moins réel & parfait. Entre la présomption raisonnable de ceux-ci & l’ignorante témériré de leurs antagonistes, il n’est pas difficile de prendre parti.