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des Etres qui nous environnent, on n’en viendra jamais jusqu’à balancer sur ce qui se passe au-dedans de soi-même. Nos affections & nos penchants nous sont intimement connus ; nous les sentons : ils existent, quels que soient les objets qui les exercent, imaginaires ou réels. La condition de ces Etres est indifférente à la vérité de nos conclusions. Leur certitude est même indépendante de notre état. Que je dorme ou que je veille, j’ai bien raisonné ; car qu’importe que ce qui me trouble, soit rêves fâcheux ou passions désordonnées, en suis-je moins troublé ? Si par hazard la vie n’est qu’un songe, il sera question de le faire bon ; & cela supposé, voilà l’œconomie des passions qui devient nécessaire ; nous voilà dans la même obligation d’être vertueux, pour rêver à notre aise ; & nos démonstrations subsistent dans toute leur force.