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comme dans un désert affreux & sauvage où sa vue ne rencontre que des ruines. S’il est dur d’être banni de sa patrie, exilé dans une terre étrangère, ou confiné dans une retraite, que sera-ce donc que ce bannissement intérieur & que cet abandon de toute Créature ? que ne souffrira point celui qui porte dans son cœur la solitude la plus triste, & qui trouve au centre de la société le plus affreux désert ? Etre en guerre perpétuelle avec l’Univers, vivre dans un divorce irréconciliable avec la Nature : quelle condition !

D’où je conclus que la perte des affections naturelles & sociales entraîne à sa suite une affreuse misère[1], & que

  1. Je ne crois pas qu’on trouve jamais l’Histoire en contradiction avec cette conclusion de notre Philosophie. Ouvrons les Annales de Tacite, ces faites de la méchanceté des hommes : parcourons les régnes de Tibere, de